Le Château de la Juive

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Peu de Bisontins connaissent le Château ou Châtel de Clémentigney, véritable nom du Château de la Juive.

 

Quelle est cette Juive qui donne son nom au château ?

A l’origine, le Châtel de Clémentigney était un rendezvous de chasse des Princes de Baufremond dont le Château altier domine encore Marnay sur les rives de l’Ognon.
 
En 1595, assiégée, sa garnison à laquelle on avait promis la vie sauve en cas de reddition fut massacrée par des troupes du fameux Tremblecour, sansrespect de la parole donnée. Le Châtel de Clémentigney rassembla au cours de réunions cynégétiques toute la noblesse de FrancheComté.
De grandes fêtes s’y déroulèrent jusqu’à la Révolution.

Par suite, le Châtel fut acheté par Monsieur Allegri, riche banquier parisien qui entreprit la restauration de cette vieille demeure seigneuriale. De cette époque, datent encore certains vitraux. La fille unique de Monsieur Allegri, jeune juive richement dotée, épousa Monsieur Bernheim, autre banquier parisien. Sa beauté et sa bonté lui attirèrent toutes les sympathies et le Châtel de Clémentigney prit bientôt le nom de “Château de la Juive”.

D’importantes personnalités, en particulier le duc d’Aumale et Monsieur de Valois l’honorèrent de leur présence.
A la mort de Monsieur Bernheim, la “Juive” épousa le comte de Turenne et dut se convertir au catholicisme. Ce mariage fut pour elle, qui avait été si heureuse jusqu’alors, le début d’une misère morale sans nom. Le comte de Turenne avait épousé la jeune veuve pour redorer son blason passablement terni. Après la naissance de trois enfants, le comte délaissa totalement sa femme pour courir le “guilledou” même avec les filles de cuisine.
Madame de Turenne supporta courageusement son calvaire et elle éleva avec dignité admirable ses trois filles dont deux se firent religieuses ; elles venaient prier
au Château pour leur père dont elles espéraient un repentir sincère. Celles-ci moururent au Carmel de Paris.

La troisième, la comtesse Hermine, hérita du Château à la mort de ses parents. Ses équipages luxueux, ses toilettes somptueuses et sa grande charité la rendirent célèbre à Besançon.

Le Château de la Juive se dresse face aux ruines du vieux château de Montfaucon de l’autre côté du Doubs. La vue de la terrasse y est magnifique et l’on comprend que la comtesse Hermine ait aimé ce coin charmant. Sur les grilles d’entrée, on peut voir, non les armes de Baufremond, mais celles de comte de Turenne.

Qui sait si l’âme de la Juive qui subit dans cette demeure un martyre silencieux, ne vient pas quelquefois hanter les vieux murs de Châtel !

Le château de nos jours ….